Les agricultures africaines et européennes ont besoin de protection

Le sixième Sommet Union Européenne Union Africaine se tiendra les 17 et 18 février prochain à Bruxelles. A cette occasion, nous exprimons conjointement la nécessité impérieuse de reconstruire la souveraineté alimentaire sur nos deux continents.
Aujourd’hui encore, ce sont les agricultures paysannes et familiales qui, en Europe comme en Afrique, nourrissent les populations. Nos fermes petites et moyennes créent des emplois et font vivre les zones rurales. Plus encore, à l’heure où les scientifiques s’accordent sur l’urgence d’une transition agro écologique globale pour répondre aux crises climatiques et d’effondrement de la biodiversité, le maintien de paysannes et de paysans nombreux pratiquant des agricultures diversifiées sur tous les territoires devrait être une priorité partagée.

Cependant, depuis des décennies, les politiques de dérégulation et d’ouverture des marchés agricoles fragilisent nos fermes. Soumises à la concurrence d’importations à bas prix, les productions agricoles locales sont malmenées, au point qu’un grand nombre de paysans et de paysannes en arrivent à abandonner leur activité. La libéralisation des investissements ouvre la porte à des accaparements massifs des terres et de l’eau par des multinationales ou des fonds spéculatifs, contre les petits producteurs. Plutôt que de soutenir les jeunes qui voudraient s’installer, les gouvernements font la promotion de fausses solutions technologiques comme les OGM, la digitalisation ou la robotique.
Les accords de partenariat économique entre l’Union Européenne et les pays de l’Union Africaine sont très largement responsables de cette situation. On est loin, ici, d’un partenariat équilibré. Les intérêts des grandes entreprises européennes ont systématiquement été privilégiés face à ceux des populations. La priorité donnée au commerce international sur les productions locales a conduit à une perte de souveraineté alimentaire qui, aujourd’hui, peut conduire à de graves crises alimentaires. La dépendance croissante aux importations alimentaires dans un grand nombre de pays africains accroît la vulnérabilité face à la volatilité des marchés. Mais l’Europe n’est pas non plus à l’abri de fortes perturbations, comme l’a montré la situation au début de la pandémie de COVID 19. A l’heure où le prix des céréales flambe sur les places internationales, le souvenir de la crise de 2008 et des émeutes de la faim est encore vif, tout comme ce douloureux constat : les leçons n’ont pas été tirées.
Il est plus que temps de refonder les relations entre nos deux continents sur la base du respect mutuel et de l’intérêt des peuples. Le dogme de la mondialisation heureuse a vécu. La coopération entre l’Afrique et l’Europe doit se reconstruire autour de la souveraineté alimentaire, c’est à dire du droit des peuples à protéger leurs agricultures locales pour permettre un revenu digne pour les producteurs, un droit à l’alimentation pour toutes et tous et le soutien à la transition agro écologique.


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